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Au Togo, une affaire de viol présumé donnera-t-elle lieu à un #MeToo national ?

A Lomé, le secrétaire général du ministère de l’Action sociale et de la Promotion de la femme a été mis en cause dans une affaire de viol présumé. La société civile profite de l’occasion pour monter au créneau.

À la consternation suscitée par la découverte de délits ou de crimes présumés s’ajoute parfois le parfum de l’ironie du sort. Comme des ministres chargés du civisme fiscal sont parfois surpris un doigt dans le pot de confiture de la fraude, c’est aujourd’hui un haut responsable de la politique dédiée aux femmes qui est accusé, au Togo, de maltraitance à l’égard d’une personne de sexe féminin.

Toujours présumé innocent,  Bileba N’Gmebib, le secrétaire général du ministère de l’Action sociale, de la Solidarité et de la Promotion de la femme a été interpellé, placé en garde à vue et déféré à la prison civile de Lomé, en attendant la suite de l’instruction judiciaire. C’est pour suspicion de viol qu’une enquête a été ouverte par la Direction centrale de la police judiciaire. Les faits incriminés se seraient déroulés dans le bureau du numéro deux du ministère, et la victime serait une employée du département.

Vers une libération de la parole ?

Au-delà de ce cas particulier qui pourrait être purgé judiciairement, avec la lenteur que requiert une instruction de ce type, les acteurs féministes entendent battre le fer tant qu’il est chaud, en mettant à profit l’inédite onde de choc médiatique. La Grappe des organisations féministes du Togo (GOFT) salue ainsi l’arrestation du suspect, tout en appelant à une mobilisation plus globale, dans l’optique d’une tolérance zéro envers la violence faite aux femmes.

Beaucoup d’internautes considèrent, à la lumière de leurs expériences personnelles, que le cas de ce secrétaire général est loin d’être isolé, les femmes n’obtenant pas encore le respect qui leur revient, tant dans les comportements quotidiens que dans leur représentativité aux postes à responsabilités, et ceci particulièrement dans la sphère politique. Et certains de rêver que la parole se libère et qu’un véritable #MeToo puisse enfin voir le jour dans la fonction publique togolaise.

Des lois et des règlements à venir

L’affaire éclatée au grand jour, la ministre de la Promotion de la femme ne pouvait manquer d’organiser une réunion d’urgence, laquelle a rassemblé la coordination du ministère et les directeurs techniques et régionaux. Et Kossiwa Zinsou-Klassou d’évoquer rien de moins qu’« un tournant décisif dans la lutte contre les violences basées sur le genre ».

Les discours étant bien rodés, la législation et les règlements clairs en matière d’agressions sexuelles – en particulier celles commises par une personne exerçant une autorité sur la victime – mais aussi de harcèlement, de sanctions abusives, de mutations punitives, d’intimidations et autres propos déplacés, elle a dû présenter, à l’échelle de son département, six décisions au parfum de nouveauté.

Ont ainsi été annoncées la mise en place de boîtes à suggestions anonymes, la création d’un numéro d’urgence personnel de la ministre, l’amélioration de la communication hiérarchique en vue d’une meilleure transparence, l’installation d’une cellule spéciale pour un suivi durable et d’une cellule de réflexion, la mise en place de sanctions disciplinaires renforcées contre les auteurs de violences faites aux femmes, et, plus vague, la promotion d’un climat de confiance pour encourager les dénonciations. Une rencontre élargie à l’ensemble des agents du ministère, à Lomé et dans les régions, devrait bientôt se tenir. À la société civile de maintenir la pression.

Source: jeuneafrique.com

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