Togo: poursuivi pour ses textes, le poète et activiste «Affectio» maintenu en détention
La cour d’appel de Lomé a rejeté le 26 février la demande de mise en liberté provisoire du poète et activiste togolais « Affectio ». Il restera donc en détention jusqu’à son procès, une décision qui suscite de nombreuses réactions.
« Affectio » a été interpellé et incarcéré à la prison civile de Lomé après la publication sur les réseaux sociaux d’un poème intitulé Fais ta part. Ce texte, dans lequel il dénonce l’arbitraire et l’oppression, est aujourd’hui au cœur des poursuites judiciaires à son encontre.
L’un de ses avocats, Me Paul Dodzi Apévon, explique.
Oui, nous avons relevé appel du rejet de notre demande de liberté provisoire pour Affectio. Le dossier a été plaidé devant la chambre d’instruction et mis en délibéré. Mais lorsque nous sommes arrivés, contre toute attente, la Cour nous a dit que notre appel est recevable dans la forme, mais au fond, ils le rejettent. C’est quelque chose d’indescriptible, parce que qu’est-ce qu’Affectio a fait ? Il a publié sur les réseaux sociaux sa position, son sentiment par rapport à ce qu’il ressent pour le pays. Il y a un poème qu’il a sorti pour demander aux Togolais « Fais ta part ». Mais qu’est-ce qu’il a dit de mal pour qu’on l’arrête ? Si le magistrat ne peut plus faire son devoir de magistrat par rapport à l’arbitraire et parce que quelqu’un lui a donné l’instruction « arrête » mais détient quelqu’un en détention, ça devient un problème, ça devient un problème dans notre pays. On apprend qu’ils veulent envoyer le dossier en jugement. C’est ce que nous apprenons dans les couloirs. Ils ont rejeté la demande de liberté provisoire parce qu’ils veulent organiser un procès. Mais nous serons présents au procès. On dira ce qu’on a à dire.
Accusé d’appel à l’insurrection
Selon les autorités, la phrase « Indignez-vous », présente dans le poème, constitue un appel à l’insurrection et à la révolte contre les institutions du pays.
L’incarcération d’ « Affectio» a provoqué une vague d’indignation parmi les défenseurs des droits de l’homme et les acteurs politiques togolais. Beaucoup dénoncent une menace grandissante sur la liberté d’expression au Togo et s’interrogent sur l’ampleur des restrictions imposées aux voix dissidentes dans le pays.
Source: rfi.fr/fr