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Togo- HOMMAGE D’IDELPHONSE AKPAKI A MGR BARRIGAH-BENISSAN

Bien souvent, la disparition d’un proche, d’un parent et  d’un ami, nous prend au dépourvu et nous laisse désemparés, en dépit de notre conviction que la mort est  le commencement l’immortalité.  Nous ressentons cette douloureuse séparation parce que cet être qui nous quitte, nous l’avons connu et aimé. Nous avons partagé avec lui nos joies et nos peines, et que son départ laisse en notre vie et notre cœur un grand vide difficile à combler.

Mais, pour nous chrétiens, cette disparition n’est pas une fin en soi. Au contraire, un passage qui nous ouvre les portes de la vie. Car pour ressusciter avec le Christ, il nous faut mourir comme Lui et avec Lui. Il nous faut quitter notre corps mortel pour demeurer auprès du Seigneur. Telle est notre conviction et celle certainement de notre très cher et regretté prélat Mgr Yves Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN qui a été arrachée à notre affection.

UN PARCOURS

Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN est né le 19 mai 1963 à Ouagadougou, il est ordonné prêtre le 8 août 1987 dans la cathédrale Notre-Dame-de-la-Trinité d’Atakpamé. À partir de 1997, il est employé par le service diplomatique du Saint-Siège : il est envoyé dans plusieurs nonciatures successives. Sa première mission est au Rwanda, où il doit contribuer à la gestion des suites judiciaires du génocide, notamment le procès d’un évêque. Puis il est envoyé au Salvador, puis en Côte d’Ivoire, où il est présent durant la crise politico-militaire. Enfin, durant une année, il est envoyé en Israël de mars 2007 à mars 2008.

Le 9 mars 2008, Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN est ordonné évêque d’Atakpamé. Au sein de la Conférence des évêques du Togo, il est président du conseil épiscopal « Justice et Paix ». Par ailleurs, en 2009, il est nommé président de la Commission « Vérité Justice et Réconciliation » chargée de faire la lumière sur les violences politiques au Togo. Les conclusions de cette enquête considérée comme un succès sont remises en avril 2012 au président Faure Gnassingbé. Le 23 novembre 2019, Mgr Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN est nommé Archevêque de Lomé pour succéder à Mgr Denis Komivi Amuzu-Dzakpah, démissionnaire pour raison d’âge. Il reste en poste, en tant qu’administrateur apostolique, à Atakpamé, jusqu’à son installation à Lomé le 11 janvier 2020.

Durant sa mission à la nonciature de Côte-d’Ivoire, Nicodème Barrigah produit son premier disque de chants religieux, intitulé « Père pardonne-nous ». Il écrit et compose les textes et les musiques d’une centaine de chants, réunis en six albums. La plupart de ses compositions sont religieuses. Nicodème Barrigah est également dramaturge. En 1993, il écrit une pièce de théâtre intitulée Le Trône royal, où il évoque notamment certaines traditions africaines, ainsi que la place de la figure féminine et celle de la prédestination. L’ouvrage est consacré grand prix de la littérature togolaise en 2020.

UN PASTEUR HUMAIN

Mgr Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN, je l’ai connu et pratiqué le peu de temps que nous avions passé ensemble. J’ai eu l’occasion de passer avec lui des moments inoubliables au cours desquels j’ai apprécié  ses talents, surtout de diplomate. Ma dernière rencontre avec lui remonte au 29 novembre 2023. Nous avons surtout parlé de comment faire pour ramener Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, de vénérée mémoire au Togo, encore vivant, pour jouir pleinement et paisiblement de sa retraite.

Feu Mgr Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN a fait de son mieux malgré les invectives, calomnies et mensonges proférés à son égard même si on doit admettre qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Contrairement à ce qu’on raconte de l’illustre disparu dans la gestion de certains dossiers dont celui de son aîné dans l’épiscopat Mgr KPODZRO, j’ai trouvé en lui un diplomate qui a à cœur les problèmes de ses semblables et se battait pour en trouver une solution.

Comme je l’écrivais sur ma page Facebook, ce dimanche 4 août 2024, jour d’anniversaire de naissance de ma défunte grande sœur Rita AKPAKI,  « Monseigneur, vous êtes et vous demeurez un homme très effacé mais efficace dans vos actes ». Je suis donc de ceux qui sont témoins oculaires et auditifs de certains de vos actes. L’honneur me choit donc d’en  témoigner à la face du monde.

Un Pasteur qui agit en silence

Je vous dois aujourd’hui des honneurs, pas des honneurs non usurpés mais  tout à fait mérités. Mérités non pas parce que vous fûtes un religieux ou encore mieux un évêque mais parce que  vous ayez été un homme de charisme et de piété.

Ce serait donc pure ingratitude si je passais sous silence l’incommensurable travail que vous avez accompli pour le peuple togolais même si cela a été fait dans le silence et le calme. Vous fûtes une  « Figure éminente du Togo, notre pays, dont le dévouement à la cause de la paix, de la réconciliation et de justice sociale a marqué notre nation notamment à la tête de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) ». Sur votre parcours terrestre, des langues affirment que : vous « êtes le meilleurs de tous et aviez la rhétorique, cette capacité à dire de grandes vérités avec des phrases toutes simples.»

Oui vous avez abattu un travail de haute nécessité et d’indéniable valeur puisqu’il a aussi consisté à semer des graines d’amour, de paix de réconciliation et de justice dans les cœurs. Malheureusement ce travail a été interrompu par votre départ brusque vers votre Créateur. Eh oui ! Les bonnes choses ne durent jamais. Pis encore, c’est lorsque la source est tarie qu’on sait ce qu’elle vaut.

Mgr BARRIGAH, vous avez su panser des plaies, vous avez su concilier les cœurs. C’est avec le cœur serré et sévèrement entaillé que je vous dis, non pas adieu mais plutôt au revoir. Ensemble avec nos aïeux veillez sur ce peuple qui ne  vous oubliera jamais. Et sachez qu’au panthéon de son histoire, votre nom sera gravé en lettre d’or.

Que le Christ que par sa puissance d’amour et de de résurrection vous accorde le repos éternel. Je vous dédie cette chanson et je vous demande de nous soutenir dans le combat pour un Togo nouveau :

Si la mer se déchaine. Si le vent souffle. Si la barque t’entraine, n’aie pas peur de la mort. Il n’a pas dit que tu coulerais. Il n’a pas dit que tu sombrerais. Il a dit : allons de l’autre bord.

 On ne pleure pas un héros.

Seigneur accorde-lui le repos éternel et que brille à ses  yeux la lumière sans déclin. Que son âme repose en paix.

 Idelphonse AKPAKI

Journaliste / Directeur du journal

 LA GAZETTE DU TOGO.

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