Dr Matshidiso Moeti (OMS) : « L’infection à VIH est un problème de santé complexe »
« L’infection à VIH est un problème de santé complexe, indissociable des déterminants sociaux tels que la pauvreté, les inégalités hommes-femmes et la violence, et compliqué par la stigmatisation et la discrimination qui touchent particulièrement les groupes marginalisés », rappelle Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, en prélude à la Journée mondiale du Sida, célébrée chaque 1er décembre.
Journée mondiale du sida 2024
Message de la Dre Matshidiso Rebecca Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Au moment où l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se joint au reste de la communauté internationale pour commémorer de la Journée mondiale du sida 2024, ce 1er décembre, le thème retenu pour l’édition de cette année, « Suivons le chemin des droits – Notre santé, nos droits », vient à point nommé nous rappeler notre responsabilité de protéger les droits humains alors que nous poursuivons l’objectif de l’élimination du VIH d’ici à 2030.
L’infection à VIH est un problème de santé complexe, indissociable des déterminants sociaux tels que la pauvreté, les inégalités hommes-femmes et la violence, et compliqué par la stigmatisation et la discrimination qui touchent particulièrement les groupes marginalisés. La protection des droits humains est un élément clé de la réalisation des soins universels contre le VIH et de l’élimination des obstacles à l’accès qui mettent des vies en danger.
La Journée mondiale du sida offre aussi l’occasion de réfléchir aux réalisations. Les pays africains ont réalisé des progrès considérables, l’évolution de la trajectoire de l’épidémie au cours de la dernière décennie étant la preuve des succès tangibles enregistrés dans la lutte contre le VIH et la riposte. Et ce, même si la charge de morbidité due au VIH est la plus élevée au monde et que les ressources consacrées à la lutte contre l’épidémie sont comparativement plus limitées.
Des réductions notables du nombre de nouvelles infections par le VIH et de décès liés au sida sont enregistrées, et, pour la toute première fois, le nombre de nouvelles infections par le VIH a été plus élevé en dehors de l’Afrique subsaharienne en 2023. La Région africaine de l’OMS est également la Région qui a le plus progressé dans le monde vers l’atteinte des cibles 95-95-95 du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) en matière de dépistage, de traitement et de suppression de la charge virale du VIH, lesquelles cibles visent à combler les lacunes en matière de couverture et de résultats thérapeutiques.
Sept pays ont déjà atteint ces cibles, la notation globale pour la Région étant actuellement de 90-82-76. Près de 21,3 millions de personnes sont désormais placées sous traitement antirétroviral, ce qui augmente leur espérance de vie. Le Botswana (qui a atteint le statut de niveau « argent ») et la Namibie (le statut de niveau « bronze ») ont quant à eux été reconnus pour avoir considérablement réduit les taux de transmission mère-enfant du VIH, atteignant ainsi les indicateurs requis pour les critères retenus dans le cadre de la « Voie menant à l’élimination du VIH » introduits en 2017.
En outre, la Région africaine applique des méthodes biomédicales efficaces de prévention du VIH, les pays adoptant et mettant en œuvre rapidement des recommandations en matière de prophylaxie préexposition, et garantissant un accès accru à des options telles que la prophylaxie préexposition orale et injectable à longue durée d’action et l’anneau vaginal dapivirine.
Cependant, malgré la disponibilité accrue de connaissances scientifiques et d’outils pour prévenir de nouvelles infections par le VIH et traiter efficacement les personnes vivant avec le VIH, la valeur de ces innovations dépend de leur accessibilité à toutes et à tous. Il s’agit là d’une question qui nécessitera des investissements supplémentaires et des réformes politiques à l’avenir.
Nous avons l’obligation collective de protéger les droits humains, en veillant spécifiquement à ce que les soins de santé soient accessibles à toutes les personnes, sans aucune discrimination, et ceci quels que soient leur statut sérologique, leur origine, leur sexe ou leur lieu de résidence. La stigmatisation et la discrimination ne devraient pas saper les acquis et entraver nos progrès.
Compte tenu des résultats obtenus, il est effectivement possible d’éliminer le VIH grâce aux efforts combinés des gouvernements, des partenaires, des prestataires de soins de santé, de la société civile et, surtout, des communautés. Les communautés sont des partenaires majeurs dans l’élaboration conjointe de stratégies et dans la mise en œuvre conjointe d’interventions visant à éliminer les obstacles aux soins liés aux droits humains, et nous devons veiller à ce que leurs voix soient entendues.
La riposte au VIH est compliquée par l’incidence croissante des flambées de maladies dans la Région africaine, qui ont un impact négatif sur nos systèmes de santé déjà en difficulté. Au moment où nous accélérons notre riposte à l’épidémie, il est important que nous restions conscients du fait que des systèmes de santé solides et des approches des soins de santé intégrées et centrées sur la personne sont essentiels pour répondre de façon optimale aux besoins multiples de nos populations vulnérables.
Profitons de cette occasion pour reconnaître les progrès accomplis, mais aussi pour renouveler notre engagement commun en faveur de l’élimination de l’infection à VIH. En protégeant le droit de chaque personne à la santé et en réduisant les nouvelles infections par le VIH, nous pouvons parvenir à une génération sans sida et assurer la pérennité de la riposte au VIH.
En savoir plus
- Journée mondiale du sida 2024
- Rapport de situation sur le cadre pour une riposte multisectorielle intégrée à la tuberculose, à l’infection à VIH, aux infections sexuellement transmissibles et à l’hépatite dans la Région africaine de l’OMS 2021-2030
- West & Central Africa HIV catch-up – WHO in an era of transformation
- Introducing a framework for implementing triple elimination of mother-to-child transmission of HIV, syphilis and hepatitis B virus
- La Namibie franchit une étape importante dans l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et de l’hépatite B