Au Togo, les premières élections sénatoriales consacrent le nouveau régime parlementaire
À la suite de l’adoption de la nouvelle Constitution en avril dernier, laquelle a marqué le début d’un régime parlementaire et de la Ve République togolaise, les sénateurs auront le pouvoir de désigner le chef de l’exécutif, auparavant élu au suffrage universel direct.
L’année dernière, le changement de régime induit par la révision constitutionnelle au Togo avait provoqué l’indignation de l’opposition. Mais la Constitution est tout de même entrée en vigueur et le pays votera samedi 15 février lors des premières élections sénatoriales de son histoire.
Dans ce nouveau système parlementaire, le Sénat, une des deux chambres du Parlement, sera composé de 61 membres au total. 41 sénateurs seront élus au suffrage indirect par les conseillers régionaux et les conseillers municipaux, et vingt autres seront désignés par le président du Conseil des ministres. Ce week-end, 89 candidats sont en lice pour les 41 sièges de sénateurs.
Les élections législatives avaient, elles, été largement remportées par l’Union pour la République (Unir), le parti au pouvoir, en avril 2024, avec 108 sièges sur 113. Avec la réforme, l’exercice effectif du pouvoir est assuré par un président du Conseil qui doit être le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. C’est donc Faure Essozimna Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, qui remplit actuellement cette fonction.
Une opposition vent debout contre cette élection
Comme lors des élections sénatoriales de 2024 où ils avaient dénoncé un « hold-up électoral », de nombreux membres de l’opposition dénoncent la réforme constitutionnelle et s’inquiètent qu’elle permette à Faure Gnassingbé de briguer le pouvoir pour des années encore.
Trois grands partis de l’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) ont d’ores et déjà annoncé qu’elles boycotteraient le scrutin sénatorial. Dans un courrier adressé à la Commission électorale, l’ANC a justifié cette décision en maintenant « son ferme rejet de ce processus antidémocratique qui vise à installer une République illégale et illégitime ».
« Les élections sénatoriales sont pipées d’avance parce que le régime […] a réussi, grâce à des fraudes électorales massives lors des élections communales de 2019 et régionales de 2024, à s’attribuer la quasi-totalité des conseillers municipaux et régionaux qui constituent le corps électoral », a quant à lui affirmé le FDR, lundi 10 février, dans un communiqué.
Reste que quelques petits partis d’opposition, ainsi que le parti Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi) prendront, eux, part au scrutin.
Le camp présidentiel se défend
Mais pour le parti au pouvoir, ce nouveau système va permettre de réduire le poids du président de la République, d’offrir une plus grande stabilité politique au Togo, et une meilleure représentativité.
« Le Sénat va contribuer à décentraliser le pouvoir public, en renforçant la participation des citoyens des collectivités à l’exercice du pouvoir politique », assurait par exemple Mazamesso Wella, chercheur en droit public à l’université de Lomé, dans un entretien à la chaîne de télévision nationale.
Une fois le Sénat installé, Faure Gnassingbé pourra être officiellement désigné président du Conseil, et les députés et sénateurs éliront un président de la République sans réelle prérogative, pour un mandat de six ans.
(Avec AFP)