Au Togo, le changement de régime « remet en cause LA LEGITIMITE DU POUVOIR » selon des OSC
Les députés ont voté en seconde lecture le changement de régime au Togo. Cette décision de la majorité (sic) « remet en cause LA LEGITIMITE DU POUVOIR » selon plusieurs Organisations de la société civile (OSC) actives dans le pays.
DECLARATION
Le renversement du régime constitutionnel de la IVè République remet en cause la légitimité du pouvoir au Togo.
Le 19 avril 2024, quatre-vingt-sept députés ont définitivement acté le changement de Constuon pour notre pays. Une entreprise dont tous les analystes, de bonne foi, ont souligné :
1. le caractère illégitime (le Parlement n’a, en aucun cas, la légitimité pour adopter en son sein une nouvelle Constitution, ni au cours de son mandat ordinaire, ni pendant le prolongement de celui-ci),
2. le caractère illégal (pour contourner les verrous inscrits dans la Constitution, il a fallu violer plusieurs dispositions constitutionnelles : articles 52, 59, 144 ; sans oublier les allégations de faux et usage de faux, lors du 1er vote, le 25 mars au Parlement),
3. le manque de transparence (les candidats aux prochaines élections législatives sont en train de concourir sur la base d’un nouveau texte dont ils n’ont même pas connaissance ; on a engagé la responsabilité du Peuple dans un nouveau contrat dont il ne connait pas la teneur)
4. le caractère non inclusif (le Peuple qui a souveraineté en matière de changement de Constitution, a été exclu d’un processus dont le déroulement est resté concentré exclusivement entre certains tenants du pouvoir et certains parlementaires).
A n’en pas douter, il s’agit là d’un VERITABLE RENVERSEMENT DU REGIME CONSTITUTIONNEL DU TOGO, qui faut-il le rappeler, est condamné par notre Constitution en son Article 150, disposant que : « Tout renversement du régime constitutionnel est considéré comme un crime imprescriptible contre la naon et sanctionné conformément aux lois de la République ». En outre, ce3e entreprise foule au pied des dispositions importantes du Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance de la CEDEAO, notamment les articles 1 et 2 portants sur les principes de convergence constitutionnelle et sur les élections, ainsi que de la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance.
Cette entreprise dangereuse pour la stabilité nationale et régionale a suscité une réaction du Bureau Afrique du Département d’Etat américain qui a exprimé sa profonde préoccupation en raison « d’importants changements constitutionnels approuvés sans communiquer le texte au Peuple ». D’autres organisations comme AfrikaJom Center, Afriktivistes, la FIDH, WADEMOS et Tournons La Page ont aussi souligné leurs préoccupations quant au processus antidémocratique d’adoption de cette nouvelle Constitution.
Tout le monde a donc pu apprécier le caractère ubuesque et l’extrême célérité avec laquelle le régime a tenu à boucler ce3e affaire, en pleine campagne pour les législatives, frisant même le ridicule, lorsque des ministres et personnalités envoyées pour défendre l’indéfendable, ont fait montre d’une incurie éhontée face à la Naon tout entière. On pourrait alors se demander le(s) motif(s) pour le(s)quel(s) une nouvelle Constitution est une priorité absolue dans le contexte de notre vie commune. La nouvelle Constitution va-t-elle enfin régler les épineux problèmes de gouvernance au Togo : la corruption, le chômage, le manque de motivation et de perspective dont souffre notre jeunesse pour laquelle le pouvoir n’a aucune considération, l’absence d’Etat de droit, la justice instrumentalisée, l’armée et l’administraon publique politisées, les détenus politiques, les violations connues des droits humains avec les entraves perpétuelles aux libertés d’associaon, de réunion et d’expression, la liberté de presse en danger et d’ailleurs à ce sujet nous avons vu le sort réservé au journaliste français Thomas Dietrich…
Si le régime a pu s’inscrire sans honte, aux yeux du monde dans une entreprise aussi méprisable, l’explication en est simple : LE REGIME A PEUR DE SA FIN ANNONCEE. Oui, le régime sait bien que le contexte régional est marqué par :
1. le regain de vitalité de la démocratie sénégalaise : les hommes, les femmes et la jeunesse de ce pays ont maintenu en haleine le monde entier : entre les frasques d’un président en bout de course mais tenant coute que coute à perpétuer son pouvoir et le panache d’un rival polique porteur de tous les espoirs, il y eut un happy end en faveur de la démocratie et de la souveraineté du Peuple sénégalais
2. la fin de la dynastie Bongo au Gabon : une dévolution dynastique comme au Togo, un régime dictatorial comme au Togo, des élections viciées comme au Togo ont conduit à une situation de rupture
3. la succession de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest qui traduit bien cette volonté de rompre avec des systèmes sclérosés qui entravent la souveraineté des Peuples et interdisent le libre choix des dirigeants et des destinées.
Il s’agit réellement de la peur d’une fin annoncée dans un contexte où la CEDEAO doit se réformer ou périr. Sa réforme passe inéluctablement par l’adoption de la disposition limitant le nombre de mandats du Chef de l’Etat, chef de l’exécutif. Historiquement, le Togo est le seul pays à s’être opposé à deux reprises à ce3e tentative de consolidation de la démocratie dans notre espace communautaire. Dans sa volonté de contourner cette disposition, le régime togolais s’est engagé dans une entreprise grotesque, un vrai passage en force pour se prémunir.
Dès lors, on peut légitimement affirmer que cet acte, d’une profonde gravité remet en cause LA LEGITIMITE DU POUVOIR. Ceux qui, au parlement et dans l’exécutif se sont rendus coupables d’une telle forfaiture contre la Nation, peuvent-ils continuer de revêtir le manteau de dignes élus de la Nation ? Si le Président de la République endosse le bénéfice de cet acte ignoble contre la souveraineté du Peuple, alors il se sera lui-même disqualifié et il faudra tirer les conséquences. IL N’AURA PLUS LE MERITE D’ETRE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE QUI A JURE SOLENNELLEMENT DE RESPECTER ET DE DEFENDRE LA CONSTITUTION QUE LE PEUPLE TOGOLAIS S’EST LIBREMENT DONNEE. C’est une évidence !
Le Peuple prend conscience de la gravité de la situaon. Des évêques aux universitaires, en passant par les acteurs politiques ou de la société civile, les femmes au marché, des élites, la diaspora, les citoyens de base, tous ont dénoncé ce crime contre notre Nation, crime désagrégeant l’ordre constitutionnel, sapant les fondements de la démocratie, avalisant la privatisation de l’Etat considéré par certains comme un vrai patrimoine familial et mettant en péril le vivre ensemble.
Les Forces Vives de la Nation en appellent alors, à l’esprit patriotique du Président de la République, garant des institutions, pour qu’il mette fin à cette dérive et apaise les esprits.
L’ordre constitutionnel doit prévaloir et conduire la Nation à une élection présidentielle en 2025où une alternance pacifique et démocratique permettra au Togo d’entrer pleinement dans une nouvelle ère : celle de la liberté et de la dignité. Le Peuple lui en sera éternellement reconnaissant.
Les Forces Vives de notre Nation en appellent aussi au réveil de la jeunesse du Togo. Elle doit s’approprier le combat pour la souveraineté et la liberté. Nous avons trop longtemps souffert des affres de ce pouvoir qui est en train de rééditer le crime originel de 2005. L’indignation générale doit se transformer en une grande mobilisation pour mettre fin définitivement à ce système inique. Sortons de nos chambres, de nos bureaux, de nos zones de confort, de l’indignation sur les réseaux sociaux. La MOBILISATION DOIT INVESTIR TOUS LES CHAMPS DE BATAILLE AU TOGO ET DANS LA DIASPORA, devant les ambassades, partout où il existe une parcelle de notre territoire. La mobilisation doit même se faire dans les bureaux de vote pour
« ProtégerMonVote » et freiner la fraude dont ce système se nourrit.
D’ores et déjà nous appelons à des actes citoyens de protestation et d’indignation : à partir de demain mardi et durant trois jours, nous demandons aux caravanes des partis politiques et aux citoyens d’exprimer leur indignation en arborant le rouge ou le noir. Portons ces couleurs sur nous, nos véhicules, nos lieux de prières, nos maisons, nos lieux de travail, dans les rues etc. Et le dimanche 5 mai 2024, si ce>e Loi est maintenue, nous appelons le Peuple à un grand meeting à Lomé.
L’histoire est en marche et le temps de la libération est en cours. Soyons prêts pour une lutte qui risque d’être longue et qui nécessite une grande et longue mobilisation de tous pour définitivement tirer un trait sur le despotisme dans notre pays. Chacun doit s’investir !!!
Vive l’alternance au Togo, vive la démocratie, vive le Peuple togolais.
Lomé, le 22 avril 2024
Ont signé :
AJAAH – Solidarité Planétaire/BT – AJECED – ABEJ – AIAPED – ATDH – MMLK – REJADD – DRPDPS – Nouveau Citoyen – Veille Citoyenne –
FONDESC – Novation Internationale – MO5 – Synergie Togo – Tournons La Page-Togo – FCTD