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Au Togo, Opposants et OSC célèbrent “la mémoire des victimes” de juin

Des opposants et Organisations de la société civile décident de ” célébrer la mémoire ” des Togolais tombés lors des répressions des manifestations des 26, 27 et 28 juin à Lomé et dans ses environs.

CONFERENCE DE PRESSE

“Jusqu’à quand la violence d’État au Togo ?”

Déclaration liminaire

Chers compatriotes,

Depuis des décennies, notre pays, le Togo, est le théâtre d’une stratégie de la terreur mise en place par le régime RPT/UNIR, pour étouffer les aspirations démocratiques et briser l’élan de notre peuple résolument tourné vers la liberté, la souveraineté et la justice. Cette violence d’État a conduit à un lourd tribut humain fait de nombreuses victimes innocentes, des femmes, des hommes, même des enfants, fauchés dans leur espoir, torturés ou assassinés, leurs familles à jamais dévastées par la douleur.

Chers concitoyens,

Souvenons-nous de David Ahlonko Bruce, ancien chef de cabinet de feu Mgr Kpodzro, président du parlement de la transition, enlevé en septembre 1994, devant ses enfants qu’il conduisait à l’école ce matin du 6 septembre. Sa voiture prise en étau par deux cars militaires, un devant et l’autre derrière, non loin de l’Etat-major des F.A.T., il fut embarqué dans l’un des deux véhicules militaires et n’a plus jamais été revu.

Souvenons-nous de Anselme Sinandare, de Douti Sinalengue, tués en 2013 à Dapaong, souvenons-nous de Rachad Agrigna-Maman à Bafilo, de Abdoulaye Yacoubou à Mango, tués en 2017, souvenons-nous de Joseph Zoumekey à Bè-Kpota, de Moufidou Idrissou et de Nawa Ino Tchakondo à Togblécopé, tués en 2018. Tous des enfants, tous assassinés par la brutalité de la dictature togolaise ! La liste des martyrs est longue, sans compter les nombreux anonymes jonchant le long chemin du peuple togolais en quête de liberté.

« Plus jamais ça sur la Terre de nos aïeux… » et pourtant les morts continuent encore de s’égrener ! « Plus jamais ça sur la Terre de nos aïeux… » mais la justice togolaise n’a jamais démontré sa volonté d’identifier et de condamner les coupables qui courent toujours.

Même si le pouvoir cherche à faire oublier ces martyrs, nous ne les oublierons pas. Les Nations Unies et Amnesty International ont cette année encore, interpellé le régime RPT/UNIR par rapport à la disparition de David Ahlonko Bruce, 31 ans après cet acte de gangstérisme d’Etat.

Nous nous souviendrons d’eux, comme des martyrs dont le sang innocent doit unifier et galvaniser notre lutte pour définitivement mettre un terme à l’exception togolaise. Un régime violent, une politique de répression implacable à l’égard des citoyens ou même de parlementaire étranger (Guy Marius Sagna ne nous démentira pas), une politique de déconstruction et de destruction de la cohésion nationale.

Chers compatriotes, il y a quelques jours encore, notre pays a vécu une répétition macabre de l’histoire. Une répression aveugle, des cadavres dans la lagune, des journées d’exactions, de brutalité policière, de violations de domicile, d’arrestations arbitraires, de passage à tabac de passants, même de femmes par des hommes, nombreux, en uniformes, qui ont déversé leur bestialité sur de pauvres citoyens. Sept morts, bien comptés, par nos camarades qui ont eu le courage de sillonner Lomé en ces moments critiques, alors que des miliciens à la solde du régime et des éléments des forces de l’ordre étaient fortement déployés sur le terrain pour semer la terreur.

Les réactions officielles, loin de reconnaître la gravité des faits, tendent à les banaliser ou à les travestir. Aucune compassion à l’égard des victimes ou des familles, on parle même d’images générées par l’IA, on parle de morts par noyade affirmant la présence sur les lieux de professionnel de santé, pensant bêtement que cela suffirait à faire passer cette maladroite thèse de la noyade. On affirme qu’il y a eu deux morts, puis on reconnait difficilement cinq victimes, avec l’espoir que les deux derniers corps n’ayant pas été identifiés, la dictature ne sera comptable “que” de cinq meurtres.

Les ministres se succèdent pour tenter d’imposer une lecture biaisée des événements, de faire passer les victimes pour des coupables et d’ailleurs notre système de justice vient de condamner quelques dizaines de manifestants à des peines de prisons alors que les assassins, des miliciens sans foi ni loi continuent de sillonner allègrement les rues de la cité.

Chers compatriotes, aujourd’hui, la société civile et ses partenaires, ainsi que le peuple togolais tout entier adressent toute leur compassion la plus sincère et leur solidarité indéfectible aux familles éplorées. Nous pleurons avec les familles ces fils et filles de la nation, morts pour la défense des valeurs de démocratie, d’État de droit, de respect des libertés individuelles et collectives, de justice, de dignité.

Nous lançons un appel solennel afin que de tels actes ne se reproduisent plus jamais sur la Terre de nos aïeux. Notre mémoire collective se doit de rester vive, notre vigilance intacte, et notre engagement total. Que personne n’oublie ces martyrs !

Nous voulons, avec le soutien et à l’initiative de nos frères et sœurs de la diaspora réunis dans PYRAMIDE Togo, leur rendre hommage. Le lundi 14 juillet 2025, une marche citoyenne pacifique va sillonner des rues de la capitale. Tous vêtus de noir, couleur du deuil dans notre pays et dans un cortège silencieux, nous allons nous rassembler à partir de 11H à Bè Kodjindji. Le cortège s’ébranlera ensuite en direction de la lagune de Bè qui sera le point de chute. A midi, nous demanderons à la ville de s’arrêter durant une minute, nous demanderons aux églises de faire sonner les cloches et à ceux qui sont dans leurs véhicules de faire tonner les klaxons.

Mais avant cela, nous allons demander des prières musulmanes le vendredi 11 juillet, des prières chrétiennes le dimanche 13 juillet. Et à partir du vendredi 11, que la couleur noire soit partout dans la ville. C’est notre désobéissance à un régime qui ne représente plus les aspirations du peuple souverain.

Peuple togolais, nous devons ensemble célébrer la mémoire des victimes, ensemble soutenir les familles, ensemble témoigner notre reconnaissance. Car, ils sont morts pour que vive la liberté, pour que notre nation retrouve enfin sa dignité et son droit à un avenir juste et équitable.

Le peuple n’oubliera pas.

Fait à Lomé, le 09/07/2025

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